Station de métro Miromesnil – Paris

En 1997, la compagnie du métro parisien, la RATP, m’a permis d’investir la station Miromesnil près des Champs-Elysées, afin d’y développer un projet artistique.

J’ai donc conçu pour l’occasion une série de 20 tableaux de 33 x 33 cm représentant des portraits de personnes anonymes. Ces portraits accrochés à 4 mètres du sol étaient répartis de part et d’autre du hall principal de transit des voyageurs : 10 d’un côté de la salle, 10 de l’autre. Chacun des portraits était relié à un autre lui faisant face au moyen de fils de nylon coloré.

A travers cette installation, j’ai tenté de créer une rupture dans la routine du voyageur en proposant une oeuvre qui puisse l’amener à s’arrêter et se questionner en devenant un « voyageur-spectateur ».

Chaque portrait symbolise un voyageur. J’ai recouvert les regards à l’aide d’une bande de papier adhésif de façon à signifier l’anonymat des personnes qui se croisent quotidiennement dans cet espace de passage.  Le métro est en effet un moyen de transport dans lequel les gens ne s’attardent pas et ne tissent généralement pas de lien social puisqu’il n’est, par essence, pas destiné à cela. Chaque jour pourtant des milliers de personnes y gravitent et se côtoient pour un temps certes limité mais durant lequel des regards se croisent et où l’esprit se met parfois à vagabonder. On imagine alors des histoires, une tension invisible peut se créer, une envie de communiquer, une amorce de séduction, un regard qui se baisse…

C’est donc en mettant en relation deux portraits grâce à la tension des fils de nylon que j’ai voulu symboliser cette amorce de relation fondée sur le silence, l’intensité et l’éphémère.